Tenrikyo Europe Centre
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Kohina MATSUKAWA (Femme du chef de Tenrikyo Uchiko Paris)
Au mois d'aout, je suis retournée au Jiba pour la première fois en 3 ans, me faisant éprouver de nouveau cette sensation d'apaisement qui est de retrouver le foyer parental longtemps après l'avoir quitté.
La Vie de Joie est une existence au cours de laquelle on s'appuie totalement sur Dieu-Parent, tout en s'entraidant les uns les autres. Je voudrais ainsi vous faire part de mes réflexions concernant le fait de s'en remettre à Dieu, et ce que cela implique concrètement.
Dans le monde d'aujourd'hui, nous sommes abreuvés d'informations à propos de l'éducation des enfants. En consultant les livres et sites internet spécialisés sur la question, on peut trouver de nombreuses idées qui ont du sens, comme « mettre en avant les qualités de l'enfant en lui faisant des compliments », ou bien « considérer avec respect ses intérêts et ses préoccupations ». Un panel de comportements non recommandés nous est également présenté, comme « éviter de gronder l'enfant en étouffant sa personnalité », ou « s'abstenir de faire des comparaisons avec d'autres enfants » etc.
Si nous arrivons à puiser dans ce flot d'informations des éléments utiles pour le développement sain des enfants, alors je pense que c'est une très bonne chose.
Mais d'un autre côté, lorsqu'il y a autant de moyen de s'informer, nous pourrions nous laisser envahir par le doute de ne pas pouvoir élever les enfants correctement, comme indiqué dans les manuels d'éducation, engendrant un sentiment d'impatience à vouloir résoudre les problèmes rencontrés. Cependant, il me semble que c'est précisément dans ces moments-là qu'il est important de souffler et de faire le calme en nous. Tout simplement car lorsque nous restons focalisés sur une difficulté, celle-ci a souvent tendance à s'intensifier.
Par exemple dans notre vie au quotidien, nous pouvons ressentir diverses inquiétudes et irritations, mais plus nous luttons pour les gérer, et plus il arrive que nous soyons rattrapés par l'anxiété et la colère. Mais en premier lieu, est-il envisageable de mener une vie dénuée de tracas, d'inquiétude, de peur, de tristesse, d'impatience et de colère ? Il est naturel de ressentir de tels sentiments désagréables. C'est pourquoi il est nécessaire que nous apprenions à les gérer au mieux, de manière à ne pas nous laisser emporter. Pour une compréhension approfondie de ce point, un professeur de psychologie a souligné l'extrême importance du développement du cœur (esprit) pendant la petite enfance.
Par exemple, si petit enfant trébuche et se met à pleurer, je suis sûre que vous vous rapprocheriez de lui, et lui adresseriez des mots gentils et rassurants comme : « mon pauvre tu as eu mal, aller, ça va aller ». N'est-ce pas ? En fait, ce petit échange réalisé de manière machinale s'avère être primordial pour le développement du cœur de l'enfant. Lorsque la peur ou la douleur gagne l'enfant, plutôt que de nier ses sentiments en lui disant de ne pas pleurer, le fait de l'entourer en lui adressant des paroles bienveillantes créera chez lui une sensation d'apaisement et de sécurité lui faisant comprendre qu'il est sous bonne protection. En accumulant de telles expériences, nous devenons finalement capables de gérer avec succès nos propres émotions désagréables, sans qu'elles ne nous influencent de manière négative. C'est fondamentalement la même chose concernant les adultes.
Pour qu'une personne puisse avancer dans la vie avec un sentiment de sécurité et de confiance en l'avenir, elle a besoin d'accumuler ces expériences dans lesquelles elle est traitée avec bienveillance. C'est pourquoi, lorsque l'agacement ou les tourments apparaissent, faites tout d'abord en sorte de vous adresser à vous-même avec douceur et bienveillance : « ça va aller, calme toi ». Les paroles susceptibles de tranquilliser étant différentes d'une personne à l'autre, peut-être serait-il bon de déterminer à l'avance celles qui agiront avec le plus d'effets positifs sur vous. Je peux également vous recommander de vous remémorer un endroit ou le visage d'une personne qui vous procure naturellement un sentiment de sécurité.
Puis, si les conditions le permettent, il serait réconfortant de parler avec quelqu'un dont vous savez que la seule présence vous rassure, afin qu'il vous aide à supporter avec douceur vos sentiments d'anxiété. Lorsque les parents eux-mêmes acquièrent une certaine stabilité, ils sont alors capables d'entourer leurs enfants avec bienveillance. Ainsi, une telle relation parent-enfant sera primordiale pour le développement des enfants. Un enfant qui grandit dans la chaleur et la bienveillance parentale sera d'autant plus capable, une fois adulte, d'entourer ses propres enfants de manière similaire.
On peut lire dans le Mikagura-uta :
Je vous libérerai de vos tourments.
Appuyez-vous entièrement sur Dieu.(IX-2)
Comme indiqué dans ce verset, s'appuyer sur Dieu signifie ici faire confiance à Dieu à 100%. Il nous est enseigné qu'en nous en remettant entièrement à lui, Dieu nous accordera une protection de liberté totale. Que cela représente-t-il concrètement ? Avant d'y réfléchir, laissez-moi vous lire une anecdote de la Vie d'Oyasama, intitulée « Tsukihi l'a accordé ».
Au printemps 1873, Hyôshirô Kami épousa une femme du nom de Tsune. Quelque temps après, celle-ci étant enceinte, son mari rentra au Jiba pour demander l'Obiya-yurushi, le Don de l'Accouchement aisé.
« Prends, autant que tu en veux, de ce riz purifié avant de rentrer », lui dit Oyasama, et elle prit la peine de lui expliquer ceci : « Eh bien, ce riz sacré, tu vas le partager en trios. Tu en donneras une part à ta femme, dès ton retour, tu lui donneras la 2ème part quand elle sera en travail et la 3ème après sa délivrance. Si tu fais ce que je ted is, ta femme pourra garder ses habitudes, se reposer sur un oreiller plat, sans qu'il lui soit besoin de cousins d'appui, de ceinture abdominale ou de s'abstenir de certaines nourritures. Il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Il ne faut surtout pas s'inquiéter ni douter. Ici, comprends-le, c'est la Résidence qui vit la création de l'homme, ici c'est l'Oyasato, le village parental. N'en doute jamais. Si Tsukihi l'a accordé, il l'a accordé. »
« Ici, c'est la Résidence qui vit la création de l'homme, ici c'est l'Oyasato »
Ce qu'Oyasama souhaitait avant tout transmettre par ces mots, c'est que Dieu-Parent est le Parent originel ayant procédé à la création des hommes, et que la Résidence correspond au lieu originel de cette création.
Pour preuve de cela, il nous a laissé le Don de l'accouchement aisé; c'est pourquoi il nous est demandé de nous en remettre entièrement à lui, avec une confiance totale en sa présence et sa protection.
Je voudrais ainsi vous illustrer cela par le biais d'une expérience personnelle.
Elle remonte à 23 ans, au moment de décider de mon mariage avec mon mari. Comme il s'agissait d'un mariage arrangé, je n'avais revu mon mari que quelques fois depuis notre première rencontre, et j'avais des doutes quant au bien-fondé de cette union. Un jour, après le service du matin au sanctuaire principal, je me suis rendue dans le sanctuaire de la fondatrice. Submergée d'inquiétudes, j'ai posé cette question à Oyasama, du plus profond de mon cœur : « Que dois-je faire ? »
Ce faisant, une voix s'est faite entendre, me disant : « Tout va bien ! ». J'ai alors ressenti un sentiment indescriptible d'apaisement, de paix et de tranquillité, m'apportant la confirmation que tout irait bien même si je me mariais. Pour moi qui n'avais jamais mis les pieds à l'étranger, le fait que notre départ en France ait été acté immédiatement après notre mariage aurait sans doute contribué à me destabiliser davantage encore si je n'avais pas vécu cette expérience dans le sanctuaire.
On peut lire dans le Mikagura-uta :
Désormais, de tout mon cœur,
Je m'en remets à Dieu en toutes choses(III-7)
Quoi qu'il arrive, à partir de maintenant, je m'en remets exclusivement à Dieu-Parent, en me livrant corps et âme à la bonne réalisation de sa volonté. Ce qui est contraire à cette disposition de cœur tournée vers Dieu, c'est pour ainsi dire la pensée humaine égoïste qui ne compte que sur ses propres forces et intelligence.
Encore dans le Mikagura-uta :
Quelle impatience en Moi à sauver tous les hommes !
Vite, réjouissez-vous et venez à Moi.(IV-5)
Ainsi, il ne s'agit pas d'être heureux après avoir été sauvé. Ce qu'Oyasama veut, c'est nous sauver au plus vite, c'est pourquoi elle nous demande d'être heureux. Elle nous dit de conserver un cœur empreint de joie, sous n'importe quelles conditions.
Encore dans le Mikagura-uta :
Aidez-vous les uns les autres en toutes choses.
Méditez au plus profonde de votre cœur.(IV-7)
Le souhait du Dieu-Parent est que nous, les êtres humains, nous entraidions pour tout, quoi qu'il arrive. Il nous invite à y réfléchir du plus profond de notre cœur.
On peut lire dans l'Ofudesaki :
Désormais, si tous les hommes du monde
S'entraident en toutes choses(XII, 93)Sachez que Tsukihi reconnaîtra leur cœur
Et les sauvera en tout !(XII, 94)
Dieu-Parent désire en toute sincérité un monde dans lequel ses enfants les êtres humains se porteraient secours les uns envers les autres, en toutes circonstances.
Encore dans le Mikagura-uta :
L'eau trouble est pareille à l'avidité sans limites.
Quand le cœur est parfaitement pur, le paradis est là.(X-4)
Puis dans l'Ofudesaki :
Que votre cœur seulement soit parfaitement purifié
Et il n'y aura que joie en toutes choses !(XIV, 50)
Comme indiqué ici, la Vie de Joie correspond au mode de vie visant à la purification du cœur. Dans ce mode de vie, nous faisons en sorte de ne pas accumuler de poussières dans le cœur, tout en ne négligeant pas les efforts destinés à balayer celles qui se sont accumulées à notre insu.
Dans le Chapitre X de la doctrine : Yôki gurashi, La Vie de Joie
Lorsque nous consacrons notre vie à la Voie du Salut, nous sentons une joie sereine jaillir en nous pour nous combler à chaque instant, et protégés dans le sein d'Oyagami, nous vivons avec calme et dans la certitude qu'en sauvant autrui nous-mêmes serons sauvés. C'est cela qui se nomme la Vie de Joie.
Avec pour objectif la Vie de Joie tant désirée par Dieu-Parent, faisons donc en sorte de nous en remettre entièrement à Dieu, de fournir au quotidien les efforts destinés à purifier notre cœur, de nous entraider mutuellement et de progresser constamment avec enthousiasme, tout en étant portés par un esprit tourné vers le secours à autrui.
Merci de votre écoute.