Tenrikyo Europe Centre

Loading ...

Discours du Grand Service d'octobre '20

Masato FUJIWARA (Chef de Tenrikyo Lyon)

Dans Tenrikyô, le mois d'octobre est un mois important en rapport avec la première Révélation divine au travers de la bouche d'Oyasama en 1838. Nous devrions penser à l'origine de notre croyance à la célébration du Service de ce mois.

Cette année-là, Oyagami est apparu chez Oyasama car elle fut prédestinée à devenir le Temple de Dieu. En voici les extraits de la Doctrine de Tenrikyo :

Ici est la Résidence où j'ai créé le genre humain.
la cause même qui du ciel m'a fait descendre.(Ofudesaki, IV, 55.)

Ici, la Résidence où j'ai créé ce monde. Et voici le Parent
qui est à l'origine de la Création de l'homme.

Assuré de cela, voici que moi, Tsukihi,
je descends du ciel pour faire savoir toutes choses.(Ofudesaki, VI, 55-56.)

Selon cette promesse, Oyagami a fait paraître préalablement dans ce monde Oyasama en vertu de la prédestination de son âme à être la matrice de la Création des êtres humains et, en l'attirant à la Résidence originelle qui était prédestinée à en être la scène, le 26 octobre 1838 (selon le calendrier lunaire), il a pris Oyasama pour Temple de Tsukihi, parce que les temps étaient venus.

On appelle respectivement « prédestination de l'âme d'Oyasama », « prédestination de la Résidence » et « prédétermination du Moment de la Révélation » ces trois prédestinations de personnes, de lieu et de temps.

Comme nous y voyons, Oyasama a son âme aussi malgré son statut du Dieu sur Terre. Cet exemple montre bien combien l'âme est une question difficile à expliquer. Mais je trouve que cette question mérite beaucoup de réflexion encore aujourd'hui. Je ne suis pas capable d'apporter une définition claire et nette de l'âme. Mais sur l'un des exemples que nous trouvons dans la Vie d'Oyasama, j'aimerais vous proposer mes interprétations suivant ce qui est enseigné aujourd'hui dans Tenrikyô.

L'âme est essentielle pour notre mort et notre renaissance, denaoshi. Sans âme, nous ne reviendrons plus en ce monde car nous sommes liés les uns avec les autres par les innens gravés sur notre âme. Après la mort, nous nous reposons au sein d'Oyagami avant de revenir sur la Terre. L'âme, c'est quelque chose qui traverse les générations. Elle est pure elle-même mais enregistre d'innombrables informations sur nos comportements y compris dans les vies antérieures, aussi bien de bonnes informations que de mauvaises. En fonction de ces données personnelles, la renaissance est conditionnée mais cette renaissance est appropriée à chacun grâce à la particularité de son âme.

Toutes les âmes ont évidemment la même valeur sans distinction possible mais elles n'ont pas les mêmes fonctions dans le monde. Si nous lisons la Doctrine de Tenrikyo ou la Vie d'Oyasama, nous comprenons qu'il y a des âmes qui sont prédestinées à jouer à un rôle au Service. Cela ne veut pas dire que ces personnes sont sélectionnées mais il y a juste une différence de fonction. Si nous sommes tous médecins, c'est bizarre. Si nous sommes tous salariés, c'est aussi bizarre. Si nous sommes tous les officiants du Service, c'est donc bizarre. Pour la réalisation d'un monde de la Vie de Joie, nous avons tous un rôle différent. Pour nous le faire savoir, Oyagami a pris pour exemple la famille d'Oyasama en rapport avec le Service.

Maintenant, je vais parler d'un exemple intéressant dans l'histoire de la Vie d'Oyasama qui m'a récemment interpellé. C'est l'histoire d'Oshu, une fille illégitime de Shuji, fils d'Oyasama.

Vous voulez former cette enfant encore deux, trois ans,
mais elle n'est plus dans les mains de Dieu.

Sachez-le : malgré tout l'amour des parents,
si Dieu ne l'a plus dans ses mains, il n'y a rien à faire.

Comme ce monde est rempli de mal,
ne vous laissez pas prendre par ce qui pousse au mal !(Ofudesaki, I, 60-62)

Ces versets de la première partie de l'Ofudesaki étaient une prédiction de sa mort. En réalité, elle mourut peu de temps après ces trois versets.

Et à la troisième partie, cela continue à propos de cette fille,
Que cet être, cueilli il y a quatre ans, Dieu le serre contre lui, voilà une preuve.

Dieu est prêt en vérité à le faire revenir au plus tôt.
Là est sa plus grande impatience.(Ofudesaki, III, 109-110)

L' « être cueilli », en allusion à la disparition d'Oshu, laisserait entendre que Dieu l'a fait disparaitre. Et son retour chez Oyasama est programmé.

Ensuite au sujet de la naissance de Tamae, successeur de l'âme d'Oshu, à la huitième partie en 1875 :

Qu'est-ce que les miens attendent donc
de la grossesse de cette fois ?

Qu'ils n'y voient surtout pas quelque chose d'ordinaire !
Cela entre dans le profond dessein de Tsukihi.

A l'origine de cela, l'être que j'ai cueilli il y a six ans,
le quinzième jour du troisième mois.(Ofudesaki, VII, 65-67)

Vous vous demandez ce que je veux dire là ?
Evénement principal du Commencement de ce monde !(Ofudesaki, VII, 70)

Si vous désirez voir bientôt celle qui a nom Tamae,
apprenez impeccablement les gestes que Tsukihi enseigne !!(Ofudesaki, VII, 72)

Avec les mots comme « commencement de ce monde » « gestes que Tsukihi enseigne », nous pouvons comprendre qu'Oyagami parle finalement de l'importance du Service autour de cette histoire de l'âme. Effectivement, en cette année de 1875, Oyasama ajouta le dernier chant du Service et il est désormais complet.

Pour résumer cette histoire, aujourd'hui Il est parfois expliqué comme suit : Oyagami récupéra l'âme de l'enfant illégitime afin de faire revenir chez le couple marié car la légitimité conjugale fut préférée à la Résidence.

Mais je conteste fermement cette interprétation. Selon le deuxième Shimbashira, Oyasama ne prêta aucune importance pour des enfants héritiers ou la tradition de famille légitime mais c'est plutôt la question de l'âme qui la préoccupa. C'est-à-dire, la fille qui devait jouer à un rôle au Service a tout simplement disparu avant qu'Oyasama n'enseigne le Service. Elle a donc besoin de faire revenir son âme auprès d'elle en vue de l'accomplissement du Service. Oyasama pouvait garder la fille illégitime à ses côtés pour la charger d'un rôle au Service. Mais son décès était juste une chose malheureuse. Ce n'est pas délibérément qu'Oyagami l'a fait disparaître.

Ainsi, les expressions « l'être que j'ai cueilli » « le serrer contre lui (Dieu) » pourraient signifier qu'Oyagami accueille et garde l'âme d'un être disparu pour la faire revenir à l'endroit qui lui est approprié. Oyagami pourrait prévoir le sort de quelqu'un mais il ne contrôle pas du tout la vie ou la mort à son gré. Oyagami ne dit jamais : « oh là là, j'ai fait naître par erreur une âme importante chez une femme illégitime. Pour la corriger, je dois faire disparaitre cette enfant puis faire renaitre chez une femme légitime ». Pour moi, c'est impossible. Une fois la vie commencée, Oyagami la veille pour aller au bout de son chemin. Une fois la vie humaine éteinte, son âme est gardée chez lui et envoyée à nouveau sur cette Terre par lui. D'après l'Enseignement de Tenrikyô, il n'y a pas de destin figé qui ne change jamais. Aucun homme ne soit privé de vie par la seule volonté d'Oyagami ni par la seule question de l'âme.

En définitive, personne ne meurt par le destin selon l'Enseignement de Tenrikyô. La mort appelé Dénaoshi, c'est un résultat issu des circonstances multiples, à commencer par les poussières mentales, les dix fonctions protectrices, les innens causés par les actes quotidiens des hommes. A mon sens, il est dangereux de penser que la vie est remplaçable par la seule cause de l'âme. Nous pourrons sentir l'amour du Parent d'Oyagami dans la vie mais cet amour parental, seul, ne peut pas être à l'origine de la mort dénaoshi.

Ce n'est pas l'histoire de l'âme mais je raconte un peu sur la mort. Kokan, la fille d'Oyasama et Shuji, le fils unique d'Oyasama, tous les deux sont décédés plus tôt que la disparition d'Oyasama. On entend dire parfois à propos de leurs décès que c'est parce que Kokan n'a pas suivi les conseils d'Oyasama et que Shuji a fait une entreprise de reconnaissance de l'église officielle auprès des autorités japonaises contrairement à l'intention d'Oyasama. En lisant le livre de la Vie d'Oyasama, il n'est pas impossible de comprendre comme ça. Mais pour moi, c'est absolument non. Jamais, un homme meurt par la seule cause religieuse parce que ses comportements ne plaisent pas à Oyagami. Il y a toujours des causes réelles comme le problème mental ou physique engendrées par les circonstances évolutives avec lesquels développent les innens. Kokan n'est pas décédée parce qu'Oyasama dit « tu ne m'écoutes pas, donc tu meurs ! » mais son entourage dit le contraire d'Oyasama et elle vivait très mal sa situation dérangeante avec des conseils contradictoires de toute part, c'est ce qui fait souffrir Kokan psychologiquement. Quand le mental ne va pas, nous savons très bien maintenant que le corps ne va pas non plus.

Pour penser à l'origine de notre croyance, je vous recommande de lire la Vie d'Oyasama. Mais il faut faire attention pour bien comprendre ce livre un peu bref quand même. Le message que je voulais transmettre aujourd'hui, c'est que Dieu n'enlève la vie à personne, la mort ne se résume pas par une seule cause de l'âme telle que l'âme ne convient pas à son existence ou une simple raison religieuse. Dans la mort dénaoshi, il y a toujours une responsabilité importante des hommes. Quand vous lisez le livre de la Vie d'Oyasama, il ne faut pas penser que les décès de l'entourage d'Oyasama sont provoquées par la seule Volonté d'Oyagami ou par la seule cause de l'âme même si le dessein divin dépasse parfois la porté humaine. Oyagami et Oyasama nous respectent, respectent notre vie quelque soient la situation de notre âme et nos comportements. Sinon nous ne disposons pas de liberté d'esprit, de cœur. Notre vie est constructible par nous-mêmes et nous sommes permis de la construire par nous-mêmes et cela ne pose aucun problème pour être en conformité avec l'Enseignement d'Oyasama.

Je vous remercie de votre attention.

Archives