Tenrikyo Europe Centre

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Discours du Grand Service de janvier '06

Noriaki NAGAO (Chef du Tenrikyô Europe Centre)

Le retour au Jiba est un acte concret très important pour les fidèles de Tenrikyô et leur foi. Le Jiba est le lieu sacré du Tenrikyô. Des lieux sacrés, il en existe partout dans le monde. Le Christianisme, le Judaïsme, l'Islamisme, le Bouddhisme et presque toutes les religions ont leurs propres lieux sacrés. Par exemple, Lourde en France où Sainte Marie s'est manifestée dans une grotte, est un lieu sacré chrétien. De l'eau jaillit de cette grotte guérissant des malades. Le village de Lumbini où Bouddha a vu le jour, est celui du Bouddhisme.

Cependant Oyasama qui s'est faite invisible, ne réapparaît pas au Jiba. L'endroit où elle est née, n'est pas non plus au Jiba. Sa maison natale est conservée, mais ce lieu n'est pas sacré. Dans le Tenrikyô, le Jiba est le seul lieu sacré. Pour quelle raison il est le lieu sacré ?

Il est dit dans l'Ofudesaki :

En ce lieu, les êtres de la terre entière, en ce Jiba,
J'ai entrepris leur Création à tous. (XVII 7)

Dans les hymnes du Service qui viennent d'être chantés,

C'est ici que le lieu prodigieux s'est révélé :
Le Jiba, origine de ce monde (V 9)

Oyagami a créé les êtres humains pour qu'il se réjouit de les voir mener une Vie de Joie. Dans le Tenrikyô, il est enseigné que c'est ainsi que ce monde commença. À l'origine de ce monde, le lieu prodigieux où Oyagami entreprit la création des êtres humains, le Jiba.

Autrement dit, le Jiba est l'origine spatiale du monde et des êtres humains. Nous entendons souvent des malades avoir été sauvés au Jiba. Cependant ce n'est pas la raison pour laquelle le Jiba est le lieu sacré. Le Jiba est le point de départ de ce monde et du genre humain. Voilà pourquoi les fidèles du Tenrikyô ne disent jamais « je vais au Jiba » mais « je retourne au Jiba. »

Le Service du Kagura est exécuté uniquement au Jiba. Ce Service est la réactualisation de l'acte merveilleux d'Oyagami lors de la Création du monde et des hommes à partir du néant. Autrement dit le Service du Kagura figure le moment originel de ce monde. Le Service du Kagura qui représente le moment originel, est exécuté au Jiba, l'origine spatiale. Pour cette raison il ne doit être exécuté qu'au Jiba. On peut dire parallèlement que d'autres services n'y sont jamais réalisés.

Au début de la Danse sacrée, nous récitons « yorozuyo no sekai ». L'Ofudesaki aussi commence par ces mots. « Yorozuyo » signifie tous les temps et « sekai » toutes les terres. Le Service du Kagura pratiqué au Jiba est l'origine de tous les temps et de toutes les terres.

Deux ans après de la disparition d'Oyasama, des églises du Tenrikyô s'ouvraient petit à petit au Japon. Les chefs de ces premières églises ont supplié à Dieu s'ils pouvaient exécuter le Service du Kagura dans leurs églises. Mais Dieu a rejeté leur demande en disant que celui du Kagura n'était fait qu'au Jiba. Même si dans l'enceinte de l'Église mère, il ne peut pas être pratiqué aux autres endroits que le Jiba. Sinon, l'origine spatiale et le moment originel du monde ne coïncideraient pas.

Ainsi la participation au Service du Kagura au Jiba, implique que nous retournons à l'origine de l'espace-temps de notre monde. Ce comportement peut symboliquement être comparé à un retour au moment de la conception vitale dans l'utérus de la mère. Notre corps crée par Oyagami est alors rempli par sa protection merveilleuse comme si un enfant se nourrissait suffisamment dans la matrice. Par conséquent notre âme est sauvée.

Il est dit dans l'Ofudesaki:

Pour peu que Tsukihi reconnaisse au cœur la sincérité,
Le Salut sous toutes ses formes est assuré.

Quelle que soit la forme du Salut dont je parle,
Tsukihi vous l'assure car il est là, en vérité, le Parent.

En vertu du Jiba et du principe inhérent à l'Origine,
Tsukihi manifeste sa liberté totale. (VIII 45-47)

Si Oyagami, Tsukihi, reconnaît notre cœur sincère, il prend en charge le Salut sous toutes ses formes. Car Oyasama, véritable Parent par la prédestination de l'âme de la mère, demeure au Jiba, lieu originel. La protection de la liberté totale, toute puissante, d'Oyagami se manifeste là. Voilà pourquoi Oyagami, Oyasama et le Jiba sont une seule et même vérité.

Il est enseigné dans la Prescription divine:

Car c'est seulement parce que la Vérité est au Jiba que le monde peut être stable. Le Jiba existe, le monde peut être stable. (2 juillet 1888)

Comme le Jiba existe, la protection d'Oyagami s'exercera en tous lieu et c'est alors que le monde s'apaisera.

Le Japon a perdu la deuxième guerre mondiale. Après cette guerre, pendant quelques années, les États-Unis occupaient le pays. Un jour, un soldat américain s'est rendu à l'Église Mère du Tenrikyô. Une personne de l'Église Mère lui a expliqué à propos du Jiba : « ici est le lieu de la conception du genre humain à l'Origine. » Ce soldat a posé comme question : « pourquoi un tel lieu, si précieux existerait-il au Japon ? » Son guide lui a répondu : « ce n'est pas que le Jiba existe au Japon. Nous appelons les alentours du Jiba, le Japon. » Certes, au point de vu administratif, le Jiba se trouve dans la ville de Tenri du département de Nara au Japon. Mais le Jiba existait avant la fondation du Japon. La distinction des pays, Japon ou France, n'est qu'une simple règle humaine leur offrant des facilités. Pensez-vous que nous aurons encore ce concept de pays dans quelques centaines ou milliers d'années ? En effet, ce concept tend à disparaître peu à peu en Europe. Il n'est pas très important que le Jiba se trouve dans tel ou tel pays. Les règles humaines sont inutiles face à la vérité divine. Le Jiba est universel.

Oyasama a ouvert toute seule cette Voie vers le milieu du dix-neuvième siècle. Au bout de quelque temps, la Voie s'étendait dans les villages voisins et partout au Japon. À cette époque-là où il n'y avait aucun moyen de transport, ce n'était pas facile de retourner au Jiba. Pourtant de nombreux fidèles y retournaient pour assister au Service par lequel leurs problèmes physiques ou familiaux étaient résolus, si bien que la Voie se développait d'autant plus.

Rin MASUI habitait près de la frontière d'Osaka et Nara. La distance entre chez elle et le Jiba était environ de trente kilomètres. Quand, perdant son mari, elle vivait avec deux enfants dans le désespoir, un nouveau malheur la rattrapa. Elle perdit la vue. Quelque temps après, recouvrant la vue par la grâce divine, elle commença de retourner régulièrement au Jiba. Un jour d'hiver, sur le chemin pour le Jiba, elle manqua de tomber du pont dans la rivière à cause d'une forte tempête. Enlevant ses chaussettes, elle traversa le pont à quatre pattes. Lorsqu'elle arriva au Jiba, sa sincérité fit vraiment plaisir à Oyasama qui dit alors : « ah, bienvenue à toi ! C'est Oyagami qui t'a pris par la main pour te ramener jusqu'ici. Dérapant et glissant, tu as eu bien du mal, mais malgré cela tu l'étais heureuse ! Allons, allons, Oyagami te reconnaît pleinement, pleinement. Il accepte tout de toi et te protège. Réjouis-toi, Réjouis-toi, réjouis-toi » Elle a pressé les mains de Rin dans les siennes pour les réchauffer.

Nous retournons au Jiba en franchissant des obstacles. Tel est notre foi. Dieu peut reconnaître notre sincérité d'autant que nous y retournons dans les épreuves, plus que dans des conditions confortables.

Il est dit dans la Prescription divine:

«Vous retournerez au Jiba avec allégresse en passant les pays pour la Voie. En vertu de la Vérité divine, vous y retournerez... Quelle que soit votre situation quotidienne, vous vous réjouirez d'y retourner malgré les difficultés.»

Cela veut dire que nous y retournerons avec plaisir par delà les contrées. Car Oyasama demeure au Jiba. Nous y retournons en dépit des difficultés personnelles. Nous ne pouvons imaginer quelle ampleur sera la protection que nous pourrons recevoir par cet acte.

Si nous ne réalisons pas un retour au Jiba, Dieu ne nous prodiguerait pas sa grâce? Certes pas. Même si nous restons en France, nous pouvons bien sûr recevoir sa protection. Cependant il est enseigné dans les hymnes du Service :

Huit La Résidence est la terre de Dieu,
Tout grain ici semé lèvera.

Neuf Puisque c'est ici le champ sacré du monde,
Moi aussi j'y sèmerai mes grains avec ferveur.

Dix Bienvenue. À tous ceux qui cette fois viennent semer ici.
Leurs grains fructifieront sans qu'il soit besoin d'engrais !

Dans ces hymnes, on peut considérer la Résidence comme le Jiba. Il dit que toute graine semée au Jiba lèvera parce que là est la terre de Dieu. Ces graines donneront des fruits sans engrais. Cela manifeste des bontés divines accordées dans notre vie future sans la moindre manipulation humaine. Pour cela, nous devons retourner au Jiba malgré les épreuves.

Il est dit dans la Prescription divine :

«Tu dois passer dans des difficultés et des épreuves. Une épreuve est une graine de bonheur mais une aisance en est une de souffrance.»

Même si la difficulté du retour au Jiba ne donne pas de fruit sur le moment, elle deviendra «graine de bonheur» dans l'avenir.

Rin MASUI que je vous ai présentée tout à l'heure, a fondé plus tard une grande église en conduisant beaucoup de gens vers la Voie. Une autre femme qui s'appelait Yoshi NAKAGAWA, elle aussi, a ouvert une grande église à Tôkyô. Comme Rin, elle avait eu une vie malheureuse. Étant donnée que le père n'avait pas réussi ses affaires, sa famille fut ruinée. Dès l'âge de treize ans, elle travaillait. Elle se maria à dix-neuf ans. Mais les affaires de son mari ne se présentaient pas bien non plus, de sorte que sa maison fut vendue. En outre il s'amusait toujours. A cette époque, la foi de Tenrikyô sauva Yoshi. Par la suite, elle parvint à faire la propagation de l'enseignement. Elle disait « je dois marcher quatre cents kilomètres pour sauver un malade. »

Si elle connaissait un malade, elle priait au Jiba à Dieu de le sauver. S'il était sauvé, elle rentrait encore une fois au Jiba pour exprimer sa gratitude à Dieu. Elle devait pratiquer deux fois l'aller-retour entre chez elle et le Jiba dont la distance était de cent kilomètres. Cela faisait quatre cents kilomètres.

Non seulement ces deux dames, mais aussi une foule de missionnaires et de fidèles rentraient au Jiba et ainsi le Tenrikyô se développait. « Le retour au Jiba » est une source d’énergie pour le foi qui est la notre, à nous, fidèles.

De nos jours, nous ne pouvons malheureusement pas voir Oyasama. Même si nous rentrons au Jiba malgré tout, nous ne pouvons entendre sa voix. Pourtant nous pourrons peut-être sentir sa voix et son apparence par ce qui survient dans notre vie quotidienne. Yoshi NAKAGAWA s'est convertie au Tenrikyô après qu'Oyasama se soit faite invisible. Elle n'a donc jamais pu la voir. Cependant elle retournait au Jiba.

À la différence de l'époque de Rin MASUI, le trafic s'est tellement développé qu'il n'est pas très difficile de rentrer au Jiba. Depuis l'Europe, nous ne pouvons y retourner souvent comme le faisait Yoshi NAGAKAWA. Mais nous avons d'autres obstacles que les siens. Nos contemporains, qui appartiennent à des sociétés ne sont pas maîtres de leurs emplois du temps. Parmi vous, personne ne peut utiliser librement son temps. En outre, l'aspect financier ne nous permet pas de prendre aisément un billet d'avion excepté pour les riches. Pourtant, ces épreuves soient essentielles de retourner au Jiba.

Au Japon aussi, quelques-uns osent rentrer au Jiba malgré leurs difficultés. Notre époque actuelle est très pratique mais ils y retournent à pied, bien qu'ils puissent le faire facilement en voiture ou en train; ils évitent de les utiliser. En apparence, ce comportement est stupide ! Mais c'est cela la foi.

Vous vous demandez peut-être « sommes-nous obligés d'y rentrer ? » Je crois que cette question est fausse. Nous ne sommes obligés de rentrer au Jiba puisque nous ne pouvons pas demeurer sans y rentrer.  Le Shimbashira précédent disait parfois : « le retour au Jiba est semblable à la visite des enfants chez leurs parents. » Dieu est le Parent et nous sommes ses enfants. Quand vous allez chez vos parents, personne ne croit que c'est obligatoire. En général, si les parents sont là, les enfants ne peuvent rester sans y aller. C'est un sentiment naturel, n'est-ce pas ? Dans l'hymne « yorozuyo », il est dit « quiconque la connaîtra dans ses moindres détails, En aura la nostalgie. » Si nous connaissons en détail l'enseignement d'Oyasama, nous voudrons rentrer au Jiba avec la nostalgie.

Est-ce que vous pensez que votre femme peut y rentrer à votre place parce que vous êtes trop occupé ? Non. Vous devez rentrer vous-même au Jiba. Ceci est capital. Hyôshirô KAMI, ayant perdu la vue, ne pouvait plus marcher seul. Il chargea alors sa femme de retourner au Jiba en son nom. Alors Oyasama dit : « un message est un message : un service est un service. Si l'on a quelque chose à dire, et qu'on le dise à l'un qui le dira à l'autre et puis à l'autre... Plus il y aura de gens entre, plus la chose à dire sera déformée. C'est en transmettant des paroles déformées que le monde est rempli d'erreurs. Et s'il y a erreurs quelque part, alors, plus rien à faire. Voilà pourquoi il faut que l'intéressé lui-même se présente ici. Dans ce cas-là, je pourrai l'instruire correctement. »

Elle lui conseilla de venir en personne. En dépit de ses difficultés, Hyôshirô a parcouru la distance de seize kilomètres pour rentrer au Jiba une canne à la main et se tenant à sa femme de l'autre. Il semble que son chemin ait été dur. Mais, reconnaissant sa sincérité, Dieu le guérit en peu de temps.

Notre sincérité est immanquablement reconnue par Dieu. Dans le Yorozuyo, il est écrit : « si vous voulez Me consulter, venez vers Moi : la cause première de toutes choses vous sera enseignée. » Si vous voulez approfondir cet enseignement, il faut que vous-même rentriez au Jiba.

Nous rentrons par nous-même au Jiba en franchissant des difficultés pour assister au Service du Kagura. C'est cela la foi Tenrikyô. Seuls ceux qui y sont retournés, ont éprouvé le plaisir du retour.

Je vous remercie de votre attention.

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