Tenrikyo Europe Centre
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Jean-Paul SUDRE (Chef de Bordeaux Kyôkaï)
Dans cette période des « trois ans-mille jours » qui précèdent le 140ème anniversaire de la disparition d'Oyasama, les pratiquants de la Voie sont invités à approfondir leur relation avec les enseignements et à les mettre en pratique en conscience.
C'est pourquoi, à chaque anniversaire, le Shimbashira donne son Instruction pour guider tous les fidèles.
Cette fois-ci parmi ses instructions, il a fixé l'objectif vers lequel diriger nos pas de la façon suivante :
Afin de répondre à ce cœur parental d'Oyasama, chacun des fidèles et yôboku raffermit sa conscience d'instrument d'Oyasama, et conduit, pour une période déterminée, ses pas résolus vers la maturité d'esprit, voilà en quoi réside la signification de la célébration décennale de l'Anniversaire d'Oyasama.
Ainsi aujourd'hui, j'aimerais porter mon attention sur le concept de « maturité d'esprit », et voir comment nous pouvons mieux le comprendre et aller dans sa direction.
La première chose à constater en regardant le comportement de l'humanité, ainsi que la vie de chacun d'entre-nous, c'est que nous sommes tous des êtres immatures, capricieux, souvent mécontents et frustrés.
Cela est dû en partie, au fait que notre perception et compréhension de la vie est très limité et notre vision du monde incomplète, donc notre conscience est elle aussi très éloignée de la maturité d'esprit.
On peut lire dans l'Ofudesaki :
Dans tout ce que vous avez dit et pensé jusqu'à présent,
Il n'y a jamais eu qu'une pensée d'homme.Les hommes jusqu'ici n'ont été capables de penser
Que dans les limites de leur esprit.Ofudesaki, VI, 99 et XIII, 94
L'esprit humain cherche à contrôler ce qu'il perçoit comme étant le monde alors qu'il n'en a qu'une toute petite vision, extrêmement éloignée de la réalité. Tout ce qui se produit au-delà de la perception que lui procure les sens, il ne peut le comprendre, d'où ses souffrances perpétuelles.
C'est cette vision étroite de la vie, cette ignorance, qui fait naître des pensées et des idées très limitées, donc un esprit immature.
Voilà pourquoi, Oyagami est venu apporter aux hommes les enseignements qui leur permettront de changer cette situation et d'avancer sur leur propre chemin vers la maturité d'esprit en devenant ainsi adultes de cœur.
Il dit :
Cette fois, je me manifeste, infaillible, au dehors,
Pour vous révéler tout sur toutes choses.Ofudesaki, VI, 60.
La connaissance des grandes lois naturelles qui gouvernent l'univers, notre planète et tous les êtres qui la peuplent, nous permettra une fois que nous l'aurons bien étudiée, bien comprise et expérimentée, d'atteindre la maturité spirituelle.
En premier lieu, Dieu nous instruit sur le monde et notre place dans le monde de la façon suivante :
Ceci, cela, tout, le monde entier est le corps de Dieu.
Réfléchissez-y donc !Ofudesaki, III, 40 et 135Le monde dans son entier appartient à Tsukihi.
Tout corps humain est un prêt de Tsukihi.Si le monde entier comprenait cette vérité,
Il n'y aurait personne d'égoïste ou d'avide.Ofudesaki, VI, 120-121
Nous vivons dans le monde physique que nous percevons à travers nos cinq sens. Si on se base uniquement sur nos cinq sens, on peut croire que la réalité se limite à ce seul monde physique, où les êtres vivants semblent être séparés les uns des autres et avoir accès à des ressources limitées.
Cette fausse croyance nous conduit dans une compétition qui nous monte les uns contre les autres et nous empêche de faire l'expérience de la paix véritable.
En réalité, Oyagami nous enseigne qu'aussi bien du point de vue physique que spirituel, vous et moi sommes un seul, une seule et même chose, et que nous partageons tous ensemble l'unité de l'esprit Divin.
Lorsque nous réaliserons que nous sommes tous reliés, l'idée de la compétition disparaitra et laissera la place à la coopération véritable.
Dans ces conditions, on pourra réaliser que si quelqu'un d'autre obtient un succès, ce succès appartient à nous tous, et de même on réalisera que la souffrance d'autrui est aussi l'affaire de tous.
Selon ce principe enseigné par Oyagami, du point de vue spirituel, nous ne sommes pas simplement liés à nos parents et à nos frères et sœurs, mais également à tous les êtres du monde entier.
Plus nous allons nourrir cette conscience, et plus nous arriverons à participer et à célébrer le succès des autres. De plus, il sera naturel de désirer secourir autrui, nous permettant ainsi de mettre pleinement en œuvre le principe premier donné par Oyasama :
Du plus profond du cœur, réfléchissez pour comprendre :
Celui qui sauve autrui est sauvé lui-même.Ofudesaki, III,47
Pour bien sceller notre compréhension du monde et faire naître en nous un profond sentiment de sécurité, Oyagami nous fait connaitre le Parent véritable.
Comme on peut lire dans la doctrine de Tenrikyo :
Par pitié pour ses enfants égarés sans le savoir sur des chemins périlleux, Oyagami veut redresser leur pensée bornée d'homme en leur révélant le Parent véritable et sa volonté de les mener à la Vie de Joie.
La maturité d'esprit, c'est donc aussi la conviction d'être solidement ancré dans cette filiation, il en est de même pour tous les autres êtres humains.
Je suis donc un enfant d'Oyagami, incarné dans ce corps qu'Il me prête et que je lui emprunte, pour me permettre de faire l'excursion joyeuse de la vie dans sa totalité.
Ce corps fabuleux que nous empruntons à notre Parent est la plus belle merveille du monde. C'est grâce à lui que je peux faire l'expérience de la vie sur cette terre.
Beaucoup de choses simples arrivent vers nous chaque jour sans que nous ayons le moindre effort à faire, comme la capacité de respirer, l'expérience des sens, les battements réguliers du cœur etc... Pourtant, d'une certaine manière ce sont des miracles qui continuent à se produire continuellement, jour après jour.
Grâce à notre corps « prêté, emprunté », nous percevons des sensations, nous les interprétons, nous créons, nous pouvons courir, sauter, nager, nous aimons et nous vivons.
Avoir conscience avec gratitude qu'à chaque instant Dieu nous fait vivre, nous nourrit nous soigne et nous protège, c'est faire preuve de maturité d'esprit.
D'autre part, ressentir la gratitude dans le cœur fait naître la joie, et le plus haut niveau de gratitude réside certainement en l'appréciation de l'Existence elle-même.
Cependant, nous avons tous subit des difficultés, des drames personnels ou familiaux et nous les traversons même peut-être en ce moment.
Lorsque cela nous arrive, dans un premier temps l'incompréhension nous domine, puis nous avons tendance à vouloir contrôler ou résister à cette difficulté, mais ceci provoque beaucoup de souffrance sans forcément résoudre le problème.
Il est sûr que c'est la maturité d'esprit qui apportera la paix aux humains dans toutes les circonstances, car quand je veux contrôler la Vie, je résiste à Dieu et ne suis plus en harmonie avec son intention.
Oyasama nous a laissé son modèle de vie pour nous aider à traverser ces difficultés. Notre but est d'essayer d'appliquer son Modèle dans nos vies respectives. Elle nous assure que si nous réussissons pendant trois jours d'affilée, ce sera l'équivalent de mille jours.
Comme on peut lire dans l'Osashizu :
Je vous demande seulement « trois petits jours » de persévérance, et vous n'aurez à vous sentir l'obligé de personne !
Tout simplement « trois jours » de persévérance, et ce sera déjà la Voie du Modèle...
J'ai déjà essayé de nombreuses fois de mettre en application quelques éléments de la Voie du Modèle, sans jamais avoir réussi à tenir trois jours de suite, ni même une seule journée.
Pourtant j'ai la sensation de comprendre un peu mieux à chaque fois ce qu'il faut faire pour bien vivre, car c'est quand on retombe dans nos comportements erronés que l'on réalise ce que l'on vient d'échapper.
La clé pour être en phase avec la vie est d'accueillir ce qui se présente à moi dans l'instant, d'écouter Dieu et ce qu'il veut me faire comprendre, et où la Vie à l'intention d'aller à travers moi, puis d'avancer dans le même sens que son flot.
Il faut juste apprendre à accueillir ce que la Vie nous propose jour après jours et à s'incliner devant elle quand nous traversons des moments difficiles.
Dans l'Ofudesaki on lit :
N'oubliez pas : tout se produit à la mesure du cœur.
Tsukihi vous discerne tous !Ofudesaki, VI, 97Quoi que je fasse dans le corps, il ne s'agit point de maladie
Mais d'un signe redresseur de Tsukihi.Ofudesaki, XIV, 21En méditant sur les tourments de votre corps,
Méditez sur le cœur qui s'en remet à Dieu.Ofudesaki, V, 10
Donc, pour bien vivre, pas besoin de forcer, pas besoin de s'inquiéter. J'ai besoin seulement de me détacher de mon désir de vouloir être ailleurs par rapport à ce que je suis en train de vivre.
Par le signe redresseur qu'Il nous envoie, Dieu nous enseigne ce qui est à l'origine de nos problèmes et dont il faut se débarrasser.
A ce moment là posons-nous la question suivante : Suis-je prêt à laisser tomber ce qui me rend malade, ou me pose problème ?
Puis essayons de suivre la Voie du Modèle d'Oyasama pendant trois jours.
On peut lire dans la quatrième Instruction :
Pour tracer la Voie du Modèle, Oyasama commença par plonger jusqu'au fond du dénuement, puis, en totale conformité avec le cœur d'Oyagami, elle traversa, le cœur toujours rayonnant, toutes les épreuves aussi difficiles fussent-elles.
Dans ce voyage fabuleux qu'est la vie, guidé par Oyagami, je suis en train d'explorer toujours de nouvelles situations qui me font grandir dans ma conscience et donc gagner en maturité d'esprit.
En se référant à la Voie du Modèle, on voit qu'Oyasama commença par plonger jusqu'au fond du dénuement.
Qu'est-ce que ça veut dire pour nous ? Personnellement, je l'interprète ainsi :
Je dois laisser derrière ce qui doit être derrière et laisser tomber ce qui m'empêche d'avancer sur mon chemin vers le monde de Joie.
Tout d'abord, faire l'inventaire des poussières mentales les plus présentes qui obscurcirent mon cœur et éviter de les réactiver.
Ensuite, il y a plein d'habitudes, de peurs, de schémas de comportements, de pensées limitantes, de fausses croyances qui me bloquent dans ma progression, et si je veux faire naître une meilleure version de moi-même, je dois m'en débarrasser.
Sur notre chemin de la vie, veillons également aux histoires que l'on se raconte intérieurement, ce sont des illusions que l'on prend souvent pour la réalité.
Laissons nous porter par le changement perpétuel car c'est une loi de la nature et faisons confiance totale à Oyagami qui trace notre chemin en fonction de notre cœur à l'intérieur de ce monde où rien n'est immobile ni fixe.
Indépendamment de là où nous nous trouvons dans ce voyage de la vie et où nous voulons être, nous sommes exactement là où nous devrions être.
La vie fluctue en nous comme dans tout le reste de la nature. Cela se traduit par des phases de naissance, de jeunesse, d'apogée, maturité, vieillesse et mort puis de renaissance et ainsi de suite.
Notre immaturité d'esprit fait que nous nous attachons à certaines périodes de la vie comme la jeunesse par exemple en essayant de la retenir, ou bien nous jugeons la vie en disant cela devrait être comme ci ou comme ça.
Si je perds la paix dans mon esprit, c'est parce que je suis en train de juger ceci ou cela. Ceci est bon, cela est mauvais, c'est une bonne personne ou c'est une mauvaise personne. Ou bien, je devrais être ailleurs...
Une personne mature est quelqu'un qui s'accompagne lui-même sur le chemin de la vie et qui avance en portant une attention émerveillée sur les innombrables bénédictions que lui dispense Oyagami.
Le petit humain immature, lui, est toujours en train de juger, j'aime ceci ou je n'aime pas cela. De plus, il est toujours à la recherche de coupables pour expliquer ses souffrances.
Pour faire ce voyage extraordinaire qu'est le parcours d'une vie humaine, Oyasama a révélé que nous possédons une capacité formidable : celle de pouvoir diriger et choisir nos pensées.
En conséquence, nous avons le pouvoir transformer notre cœur et notre vision du monde, sans avoir besoin de quoi que ce soit ni de qui que ce soit.
Cependant, nous sommes encore des êtres immatures qui ne maitrisent pas cette capacité.
Les pensées apparaissent sans arrêt dans notre esprit de façon incohérente en se bousculant les unes les autres. De plus, les mauvaises pensées remplies d'insécurité et de peur, sont beaucoup plus nombreuses que les bonnes pensées qui elles sont motivées par l'amour et la joie.
Ecoutons les paroles d'Oyasama :
Une fois que vous vous sentirez fin prêts à sortir,
Que votre cœur soit calme et recherche le centre !Ofudesaki, IV, 84A présent, changez à fond votre cœur
Et faites-le déborder de joie !Ofudesaki, XI, 53
Voici l'entrainement que j'essaie de faire en ce moment sur des périodes de trois jours :
En premier lieu, faire le calme dans mon esprit agité par des pensées non contrôlées.
Les poussières mentales sont responsables de ces mauvaises pensées.
En réfléchissant sur mon cas, je m'aperçois qu'il y a deux types de pensées qui amènent de la souffrance.
La première, c'est quand il y a un écart important entre ce que je suis en train de vivre et ce que je voudrais vivre. J'ai la sensation à ce moment là qu'il me manque telle ou telle chose et je fixe mon esprit dessus.
Je veux vivre autre chose, je suis donc sous l'emprise des poussières mentales « convoitise » et « avidité ». Je vais nommer cette pensée « addiction ».
La deuxième, c'est quand je n'aime pas quelque chose ou quelqu'un. Je rejette cette situation, c'est la poussière mentale « haine » associée à l'« avidité » qui agit. Je vais nommer cette pensée « aversion ».
Cependant je souhaite marcher sur le chemin de la vie en restant focalisé sur mon objectif, qui est de me rapprocher de la maturité d'esprit.
C'est comme si je marchais sur un fil bordé d'un côté par l'addiction et de l'autre par l'aversion. C'est toujours l'un ou l'autre, lorsque j'y succombe, qui me font tomber du fil et perdre de vue mon objectif.
C'est pourquoi je dois rester attentif et vigilant pour ne pas alimenter ces poussières.
La moindre insatisfaction ou impatience est le signe que je suis en train de pencher d'un côté ou de l'autre du fil et donc je prends le risque de perdre l'équilibre.
Pour moi, « rechercher le centre » c'est rester centré sur mon chemin en tombant le moins souvent possible du fil et en neutralisant mes perceptions.
Quotidiennement, rester centré c'est aussi m'entrainer à ne pas juger ce que je suis entrain de vivre, ni les autres personnes. Ce que je vis n'est ni bon ni mauvais, « C'est » tout simplement.
Comme on peut lire dans l'Ofudesaki :
L'esprit de l'homme est si superficiel
Qu'il ne sait parler que de ce que voient ses yeux.Ofudesaki, III, 115
Enfin, Oyasama nous demande de remplir notre cœur de joie.
Grâce au pouvoir de choisir et diriger nos pensées dans la direction que l'on veut, nous pouvons nous entrainer à mettre la joie dans le cœur, en choisissant judicieusement nos pensées.
Nous pouvons porter volontairement notre attention sur les choses qui nous apportent un sentiment d'appréciation et de contentement et notre regard sur ce qui est bon, ce qui est beau et ce qui est vrai en admirant la beauté de la planète et toute la création.
Il est important de se rendre compte que nous sommes nait pour faire ce qui nous rend le plus heureux, ce qui est la meilleure manière de pouvoir servir avec joie, en tant qu'instrument d'Oyasama tout ce qui nous entoure, nous apportant en retour les meilleures choses de la vie.
Nous commencerons à comprendre comment éprouver en conscience des sentiments et des émotions qui viennent du cœur tels l'émerveillement et l'appréciation.
Les sentiments comme la joie, l'amour, la paix, le contentement, la gratitude proviennent du cœur et sont les « carburants » de la Vie.
Oyasama dit :
Tout ce qui jusqu'ici était vu selon le sens commun,
Vous le comprendrez désormais de l'intérieur du cœur.Ofudesaki III, 43
Dans cette période des « trois ans-mille jours », chacun de nous a pris ses résolutions pour manifester sa sincérité. Il y a les résolutions prises en commun et il y a les résolutions personnelles qui regardent chacun d'entre-nous et que l'on garde pour soi.
J'ai la conviction qu'elles sont toutes inspirées par Dieu pour nous guider vers une meilleure version de nous même.
Comme on peut lire dans l'Ofudesaki :
Ne vous demandez pas de quel lieu je parle !
Je parle de l'intérieur de chacun d'entre-vous.Ofudesaki, VII, 31
Prenons-donc le temps d'écouter cette voie intérieure qui nous révèle le monde tel que nous aimerions le voir se réaliser, et afin d'avancer un peu plus vers la maturité d'esprit.
Je vous remercie pour votre attention.