Discours du Service mensuel de juin '22

Kiyomi TSURUTA (Femme du chef de Tenrikyo Nagoya-Paris)

Dans l'Enseignement Tenrikyô, on nous apprend que si Oyagami a entrepris la création des êtres humains, c'est parce qu'il souhaitait nous voir mener une Vie de Joie, et s'en réjouir en même temps que nous. Pour nous qui avons foi en cet Enseignement, traversons-nous chaque jour qui passe avec un cœur tourné vers la Vie de Joie ? Même si nous nous réveillons le matin avec les meilleures dispositions qui soient, ne suffit-il pas d'un petit rien, comme une réflexion faite par autrui ou quelque chose de déplaisant que nous aurions vu, pour que notre cœur s'assombrisse aussitôt ?

Quelle attitude devons-nous alors adopter afin de réorienter notre cœur dans ces moments-là ? Laissez-moi vous exposer mon point de vue à travers 3 suggestions. La 1ère consistant à se remémorer le principe de la chose prêtée empruntée. La 2ème à travailler sur nos habitudes et notre caractère. Et la 3ème à ne jamais oublier la pérennité de l'existence d'Oyasama. Je voudrais maintenant vous développer chacun de ces 3 points.

Le 1er point consiste donc à faire en sorte d'éprouver de nouveau au plus profond de soi le principe de la chose prêtée empruntée. Prenons par exemple le Service aujourd'hui ; si vous avez pu y participez, c'est précisément parce que vous bénéficiez déjà de la formidable protection d'Oyagami. Il ne faudra jamais oublier que tout ce qui nous semble évident, comme voir avec nos yeux, entendre avec nos oreilles, bouger nos bras, nos jambes, ou respirer, est le fruit du travail perpétuel opéré en nous par Oyagami, et pour lequel il sera important d'être reconnaissant. Je suis sûre que vous tous, après une blessure ou une maladie, avez déjà fait l'expérience de ressentir à quel point la santé était une bénédiction. Ainsi, il me semble qu'il est primordial que nous gardions bien à l'esprit le sentiment qui nous animait alors, même après avoir récupéré de nos souffrances. Même en présence d'une difficulté à surmonter, le fait de se dire que la vie nous est rendue possible doit pouvoir faire jaillir en nous un profond sentiment de gratitude.

Ainsi, à travers l'épidémie de coronavirus, j'ai ressenti la reconnaissance qu'il y avait dans le fait d'avoir pu jusqu'à présent respirer librement, expirer, inspirer, sans avoir à y penser. Vous-même n'avez-vous pas penser la même chose ? En réfléchissant de la sorte, on s'aperçoit qu'il y a une multitude de protection que l'on reçoit sans en avoir conscience.

Concernant les liens humains qui unissent un couple, les membres d'une même famille ou bien des amis, j'ai entendu dire d'un sensei que ces liens également étaient des emprunts que nous faisions à Dieu.

Une connaissance m'a raconté comment, alors qu'elle s'était disputée le matin avec son mari avant qu'il ne parte travailler, celui-ci s'était effondré sur son lieu de travail, décédant d'une insuffisance cardiaque. Elle m'a confié ses immenses regrets que les derniers instants avec celui près duquel elle a passé de si nombreuses années se soient terminés par une dispute. En écoutant son histoire, j'ai de nouveau pris conscience qu'avoir aujourd'hui encore mon mari et mon enfant en bonne santé constituait véritablement une grande protection. Cela m'a également fait ouvrir les yeux sur la nécessité d'entretenir au quotidien des rapports avec nos proches qui ne laisseront pas de place aux regrets par la suite.

Quelles que soient les circonstances, dire « merci » en ressentant fermement le fait d'être maintenu en vie grâce à la merveilleuse protection, nous permettra surement de modifier favorablement l'orientation de notre cœur.

Le 2ème point consiste à connaître son propre caractère et ses habitudes. Les caractères et habitudes qui posent ici problèmes sont ceux qui vont constituer une entrave à la Vie de Joie. Se préoccuper excessivement de l'indifférence d'autrui, créant les conditions d'un manque. Le fait de tout de suite céder à la colère, ou d'essayer sans cesse d'anticiper les choses. Il s'agit là de la source provenant de notre propre cœur et qui nous empêche de nous réjouir. Les caractères et habitudes de chacun sont également profondément liés à leur innen. Ce n'est donc pas quelque chose que l'on peut changer aisément. Dans les Anecdotes sur la Vie d'Oyasama, elle nous enseigne comme ceci : « Tu devrais être plus doux de cœur, sauver les gens et corriger ton caractère et tes habitudes ». C'est pourquoi il nous faut entreprendre un minimum d'efforts afin de nous détacher de nos caractères et habitudes. Je pense que nous pouvons trouver dans ses mots nous incitant à être plus doux de cœur et à sauver les gens les indices qui nous permettront de nous en détacher.

A propos de cette « douceur du cœur », elle est invoquée dans le 6ème verset du 5ème hymne du mikagura-uta :

« Rejetez en vous toute cruauté, Et venez à moi dans la douceur du cœur ».

Le geste des mains correspondant à cette douceur de cœur est le suivant. Lorsque j'étais étudiante, le sensei qui m'enseignait les danses m'avait dit comme ceci : « quand on parle d'un cœur doux, on évoque quelque chose de grand et large ». Je me remémore ces mots à chaque fois que je réalise cette gestuelle, en essayant de décrire avec mes mains le cercle le plus grand et large qui soit. Avec un grand cœur, la plupart des choses ne nous troubleront pas.

Oyasama nous invite à orienter notre cœur de manière à ce qu'il soit disposé au secours à autrui. Mais si nous souhaitons qu'une personne soit secourue et qu'elle soit un peu plus heureuse, alors ce n'est pas en nous laissant guider dans nos actes et paroles par notre caractère et nos habitudes que cette personne va nous suivre. Si nous souhaitons vraiment faire entendre notre récit sur Dieu, alors il est indispensable que nous corrigions cet aspect afin d'accompagner au mieux cette personne, quoi qu'elle nous dise et quoi qu'il se passe. C'est en traversant ce processus que nous pourrons petit à petit nous débarrasser des éléments entravants de nos habitudes et personnalité.

Je me souviens d'une femme souffrant d'un problème de santé qui avait parfaitement conscience du fait que son caractère l'empêchait de se réjouir pleinement des choses. Mais ce n'est pas parce que l'on en a conscience que l'on peut se réjouir de tout et tout de suite. C'est pourquoi ce qu'elle s'efforçait de faire était de raccourcir les moments d'insatisfaction, de les faire passer de 3 jours à 2 jours, puis de 2 jours à 1 jour, puis de 1 jour à une demi-journée, s'entraînant ainsi à changer la disposition de son cœur, pour au final parvenir à se réjouir en toutes circonstances, quoi qu'elle voie ou entende. C'est animé d'une telle volonté d'esprit qu'elle a pu bénéficier de la merveilleuse protection pour sa maladie.

On parle ainsi de protection octroyée à la mesure du cœur. Tout ce qu'il se passe, du plus important au plus insignifiant des événements, est la résultante de la raison de notre propre cœur. C'est pourquoi effectuer un travail sur notre cœur déclenchera naturellement des changements dans ce qui nous entoure. Ainsi, on peut penser que c'est pour cela que les personnes non guidées par la foi finissent par avoir une vision pessimiste du monde, car elles essayent sans succès de modifier leur environnement, sans jamais réfléchir à leur propre état de cœur. Il me semble qu'il est primordial de toujours réfléchir sur son propre cœur.

Le 3ème point, qui est le plus important, consiste à ne jamais oublier la pérennité de l'existence d'Oyasama. Permettez-moi à ce titre de vous présenter un passage d'un livre évoquant ce sujet.

« Si nous réfléchissons à ces moments où nous sommes déprimés en nous laissant allés à l'insatisfaction au quotidien, à ces moments où nous cédons à la colère et où nous accumulons en nous les poussières de l'orgueil et de la convoitise, nous pouvons nous apercevoir qu'ils se produisent presque toujours lorsque nous avons perdu de vue Oyasama. Même si le rayonnement de notre cœur est obscurci par la poussière, le fait de pouvoir se remémorer Oyasama nous permettra d'apaiser nos colère et mécontentement et de porter ainsi secours à notre propre cœur. Cela signifie que nous avons alors reçu le principe vertueux d'Oyasama. »

En lisant cela, je me suis dit : « mais oui voila ! » Quand je me rappelle ces instants de colère ou de frustration dirigés vers autrui, je peux maintenant me rendre compte qu'ils sont arrivés alors qu'Oyasama était très éloignée de mon cœur. Si à ces moments précis, les mots d'Oyasama disant que « la colère survient car le cœur n'est pas pur » avait pu jaillir en moi, alors mon sentiment visant à uniquement reprocher l'autre partie aurait pu être apaisé, et j'aurais pu voir ma colère disparaître en ouvrant les yeux sur mon attitude qui ne pouvait en aucun cas réjouir Oyasama. Oyasama veille sur nous et nous protège en permanence.

Dans les moments de tristesse ou de difficultés, n'hésitons pas à partager sérieusement nos sentiments avec Oyasama. Elle nous apportera à coup sûr une réponse.

Voilà, je viens donc de vous exposer mon avis sur la manière dont nous pouvions changer nos cœurs afin qu'ils puissent se réjouir ne serait-ce qu'un peu. Essayer de ressentir davantage encore le principe de la chose prêtée empruntée, fournir les efforts destinés à nous détacher petit à petit de nos habitudes et notre caractère, et enfin ne jamais oublier la pérennité de l'existence d'Oyasama : voici les principes que nous devrons garder dans le cœur et mettre en pratique, même ne serait-ce qu'un seul d'entre eux. Efforçons-nous donc de gagner mutuellement en maturité d'esprit, afin que nous-mêmes puissions nous rendre compte de notre évolution face aux situations et de notre capacité à agir de manière à réjouir Oyasama et Oyagami. Enfin, faisons donc en sorte de nous réunir au TEC autour de son chef, et de nous consacrer à l'unisson des cœurs et avec enthousiasme au service de Dieu.

Merci de m'avoir écoutée.