Tenrikyo Europe Centre
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Hideo YAMAGUCHI (Chef de la Mission "DAI-ROMA")
Nous venons de procéder solennellement ici au TEC à la Grande Célébration de Printemps de la 177e année de Tenrikyô, et nous en avons tous ensemble partagé la joie. Comme j'ai été désigné pour ce faire, je prends la responsabilité de vous dire quelques mots. Je vous prie de demeurer encore quelques instants.
Comme vous le savez, notre Fondatrice est devenue le Temple de Dieu le 26 octobre 1838, il y a de cela 177 ans. Juste avant qu'elle se rende invisible, il y eut entre Dieu, par l'entremise d'Oyasama, et les Hommes de vifs échanges que l'on ne peut rappeler sans tristesse. C'était une dispute extrêmement tendue entre la volonté de Dieu de hâter l'exécution du Service et celle des Hommes. À cette époque-là, si l'on effectuait le Service alors que Tenrikyô n'y était pas autorisé par le gouvernement, Oyasama, alors très âgée, se voyait conduire en prison. Pour les disciples d'Oyasama, une telle chose n'était pas acceptable. À cet égard, Oyagami, tout en acceptant qu'on en demande l'autorisation un autre jour, souhaitait qu'on effectue immédiatement le Service. Beaucoup de nos devanciers, à commencer par le Premier Shimbashira, ne cessaient de tergiverser, mais au terme de ces échanges ils résolurent d'effectuer le Service. Cependant, le visage empreint de satisfaction en entendant ce vers du Douzième Hymne du Mikagura-uta, « Voici maintenant que sont assemblés tous les charpentiers », Oyasama exhala son dernier soupir. Nos devanciers, une fois le Service achevé, pensaient certainement qu'Oyasama avait recouvré la santé. Mais comme Oyasama s'était faite invisible, cet événement eut sur eux l'effet d'un coup de tonnerre, un effet de surprise et de désolation comme si la terre s'était retournée sens dessus-dessous, et ils en ressentirent de la tristesse.
C'est en effet l'objectif constant du Modèle de 50 ans de faire avancer le Salut du monde par le Service et le Sazuke, d'édifier le monde de la Vie de Joie, monde de paix et d'harmonie entre Dieu et les Hommes.
En 1866, Oyasama enseigne le Service du « Ashikiharai », première partie du Service, puis elle prépare les conditions indispensables en vue d'achever le « Service du Salut ». De janvier à août 1867, elle écrit les paroles des Douze Hymnes, puis consacre trois années entières à composer la musique et régler les mouvements. La même année, elle écrit les huit versets du Yorozuyo et les ajoute au début des Douze Hymnes.
En 1873, le « modèle du Kanrodaï » est exécuté.
Le 18 juin 1874, comme les masques du Kagura qu'Oyasama souhaitait voir fabriquer depuis longtemps étaient achevés et gardés dans la famille Maegawa, on alla les y chercher. Là, des gens venus avec Oyasama exécutèrent pour la première fois la danse sacrée le visage couvert d'un masque. Puis, à la Résidence, tous les 26 du mois, fut célébré solennellement le Service intégral du Kagura et du Teodori avec les masques.
En juin 1875 eut lieu la Détermination du Jiba, pour déterminer le lieu originel où l'humanité a vu le jour.
En 1877, Oyasama enseigna l'art des trois instruments de musique destinés aux femmes, et l'on se rapprocha progressivement de l'achèvement du Service du Salut.
En outre, à partir de 1881-1882, elle parla du Kôkibanashi, confirma la signification du Service et se hâta de le faire exécuter.
Puis on arrive en 1887. Le Service du Salut est célébré, et alors que les exécutants étaient momentanément soulagés de l'avoir célébré dans la paix et la tranquillité, eut lieu l'événement de la disparition d'Oyasama, et ils ne surent plus que faire.
Par l'intermédiaire d'Izô Iburi, ils demandèrent une prescription divine, un Osashizu. Voici les mots qui vinrent en réponse :
Écoutez! Je vais aplanir la terre. Êtes-vous tous au grand complet? Réfléchissez bien! Tout ce que j'avais dit jusqu'à présent se trouvait à l'intérieur de la cassette de la Vérité. Mais puisque moi, Dieu, ouvrant la porte, je suis sorti... par amour pour mes enfants, j'ai écourté de vingt-cinq ans la vie du Parent et à partir de maintenant j'opère le Salut. Regardez bien. Voyez bien la différence entre hier et aujourd'hui. Quand il s'agissait d'aplanir la terre avec la porte ouverte ou avec la porte fermée, vous m'avez bien dit de le faire avec la porte ouverte, non? Alors j'ai fait ainsi que vous le désiriez. Jusqu'à présent, il y avait une chose que je voulais mais ne pouvais donner à mes enfants: désormais, je vous accorderai cette chose, le Don divin, au moment voulu. Gardez cela à l'esprit.(18 février 1887)
Ainsi, le Sazuke a-t-il été conféré à tout le monde, comme autre pilier du Salut du monde.
Intéressons-nous un peu à ce don du Sazuke. À partir du printemps de 1864, Oyasama accorde le Sazuke de l'Éventail à 50 ou 60 personnes. Parmi elles, Chûshichi Yamanaka et Saemon Nakata reçoivent chacun le Sazuke de l'Éventail, le Sazuke du Gohei et le Sazuke de l'Amendement total.
Puis, à la fin de 1865, le 26 décembre, Chûsaku Tsuji et plusieurs autres personnes reçurent le Sazuke: Kisaburô, de Senzai, reçoit l'Éventail à monture nue, Zensuke, du même village, reçoit l'Éventail à monture de laque noire, Kôemon, du même village, reçoit le Sazuke du Gohei et le Sazuke de l'Amendement, et Chûsaku, de Toyoda, reçoit lui aussi le Sazuke du Gohei et le Sazuke de l'Amendement.
Le 26 décembre 1874, il est écrit qu'Oyasama accorda en personne le Sazuke à quatre personnes: premièrement, à Nakata, le Sazuke du Souffle, deuxièmement, à Matsuo, le Sazuke de la Cuisson, troisièmement, à Tsuji, le Sazuke des Gestes des mains, et quatrièmement, à Masui, le Sazuke du Kanrodaï Gestes des mains. Elle commença donc à accorder le Sazuke pour le rétablissement physique de l'homme.
De cette façon, le nombre de ceux qui reçurent le Sazuke fut extrêmement faible. Dès lors, comme il a été dit plus haut, le 18 février 1887, l'Osashizu affirme :
« Jusqu'à présent, il y avait une chose que je voulais mais ne pouvais donner à mes enfants : désormais, je vous accorderai cette chose, le Don divin, au moment voulu. »
Que fallait-il faire pour se voir accorder le Sazuke ? Il fallait s'efforcer de se forger un « cœur sincère ». Il est dit, dans l'Osashizu du 12 décembre 1887,
« J'accorderai le Sazuke à ceux qui ont un cœur sincère ».
Se forger un cœur sincère est une entreprise difficile. Les mots de « sincérité » ou « sincère » sont utilisés en tout 766 fois dans l'Osashizu. Jusqu'en 1891, ils apparaissent 389 fois, soit plus de la moitié du chiffre total. À cette époque, comme de nombreuses personnes incitaient à forger un cœur sincère, le Sazuke était probablement accordé à ceux qui vivaient chaque jour dans la plus grande ferveur.
Pour se forger un cœur sincère, il semble que nos devanciers utilisaient des moyens variés. Par exemple, ils recherchaient la sincérité en jeûnant, ou en faisant leurs ablutions dans l'eau glacée en hiver. Les pionniers de la Voie qui montraient un tel exemple de recherche de sincérité dans la souffrance, comme Tôkichi Izumita ou Yoshi Nakagawa, sont trop nombreux pour que je puisse les citer tous.
Je change un peu de sujet: en août de l'année dernière, la Syrie fut internationalement condamnée pour avoir utilisé des armes chimiques et tué des citoyens ordinaires, y compris des femmes et des enfants. Les États-unis et la France, entre autres, ont menacé de bombarder la Syrie pour la dissuader d'employer les armes chimiques. À ce moment, le Pape, dans son discours de l'Angelus du 1er septembre, a appelé non seulement les catholiques, mais les fidèles de toutes les religions, les personnes sans religion et les athées, à jeûner et à prier pour la paix en Syrie pendant une journée, du samedi au dimanche suivants, c'est-à-dire les 7 et 8 septembre. Ce fut pour moi l'occasion de réfléchir sur le jeûne.
Le jeûne consiste à s'abstenir pendant un temps déterminé de toute nourriture ou d'un type particulier de nourriture. Le jeûne est devenu une pratique religieuse courante.
Dans le catholicisme, Jésus, avant d'annoncer l'Évangile, a jeûné pendant 40 jours dans le désert pour y être tenté par le diable.
Dans l'Islam, il existe un jeûne d'un mois, appelé le Ramadan, établi sur la base du calendrier lunaire. Ce calendrier se décalant peu à peu par rapport au calendrier solaire, il arrive que le Ramadan ait lieu en plein été. C'est une épreuve terrible de ne pouvoir ni boire ni manger de toute la journée à cette période. Les gens doivent attendre le coucher du soleil. Par cette expérience, ils renouvellent leur gratitude envers Dieu pour la nourriture et pour ses dons. Il y a encore des choses à dire pour savoir ce qu'est la souffrance de ceux qui ne peuvent pas s'alimenter.
Dans le Bouddhisme, le Bouddha a accomplit un jeûne si sévère qu'il était à l'article de la mort. Mais, comme il ne pouvait obtenir la sérénité dans son cœur, il comprit que les mortifications n'étaient pas la Voie qui conduit à la vérité. Puis, afin de recouvrer ses forces que le jeûne avait affaiblies, il s'assit pour méditer sous l'arbre de la Bodhi à Bodh-Gaya, et atteint l'éveil qui fit de lui le Bouddha.
Eh bien, qu'en-est-il d'Oyasama ? En 1865, Oyasama jeûne pendant 30 jours. À son entourage qui s'en inquiète, elle déclare
« Tant que je boirai de l'eau, je ne maigrirai ni ne m'affaiblirai »,
puis elle se rend à Harigabessho en raison d'une hérésie causée par Sukezô, et elle prend une attitude très ferme face à cette hérésie.
Par ailleurs en 1872, alors âgée de 75 ans, Oyasama fait un jeûne de 75 jours, sur l'ordre de Dieu. Aussitôt après, Oyasama demande qu'on lui prépare son repas « sur un feu à part avec des ustensiles à part ».
Comme on le voit, s'efforcer de forger un cœur sincère est très difficile pour les gens ordinaires, peut-être parce qu'il faut pas mal s'y entraîner.
Si nous pouvions nous forger un cœur sincère, nous verrions chaque jour la vie en rose. Il serait aussitôt accepté par Oyagami, et aussitôt rendu par Oyagami.
Citons quelques extraits de l'Osashizu à propos de la sincérité :
La sincérité crée le principe d'harmonie entre les gens.(1888)
Seule la sincérité crée la liberté totale.(1er juin 1889)
Si on a constamment la vraie sincérité, c'est la liberté totale.(25 décembre 1888)
S'il n'y a que sincérité dans le cœur de chacun de vous, vous ne ferez pas de faux pas sur le chemin.(23 décembre 1897)
La vérité de l'esprit de sincérité est la vérité qui convainc autrui. Si vous avez toujours l'esprit de sincérité, il sera aussitôt accepté comme la vérité du ciel et aussitôt rendu, aussitôt rendu.(11 novembre 1888)
La sincérité est la loi du ciel. Dieu n'accepte que la sincérité.(18 septembre 1888)
Le principe de la vraie sincérité du cœur permet de sauver et d'être sauvé.(1er août 1889)
Dans le texte de l'Okakisage au moment où l'on reçoit le Sazuke, on emploie aussi le mot de sincérité.
Au fil des jours, au fil du temps, je ne dis qu'une seule chose: la sincérité au fil des jours au fil du temps. Même si de prime abord un cœur sincère peut vous sembler de peu de poids, il n'est rien de plus ferme et de plus persistant. La sincérité est la Loi du Ciel.
Quand la sincérité habite vos cœurs, il en résulte chez vous un parfait accord.
Ceux qui seront dignes de cette admiration jouiront de ma liberté totale en vertu de leur constante sincérité.
Maintenant, s'il ne s'agit pas pour nous de jeûner, ni de faire nos ablutions dans l'eau glacée, ni de mortifier notre corps, ni de faire de gros efforts, que devons nous faire pour nous forger un cœur sincère?
Pour ce faire, il n'y a d'autre méthode que le Salut d'autrui. C'est se consacrer activement à transmettre le Sazuke. Pour transmettre le Sazuke, on a besoin non seulement de la résolution du cœur du malade, mais aussi de la sincérité pure de celui qui le transmet. En accumulant cette sincérité, on peut accéder à un niveau de sincérité plus élevé. Maintenant, c'est la saison pour transmettre le Sazuke en vue du 130e Anniversaire de la Disparition d'Oyasama. C'est la saison où l'on peut recevoir une protection exceptionnelle. La résolution du cœur du TEC nous donne un objectif. Nous voulons et devons nous efforcer de l'accomplir.
Je voudrais conclure mon discours par une dernière citation :
... Comprendre la vérité de l'œuvre du Salut est la seule vérité ... Elle dépend de l'esprit seul. La sincérité de votre cœur est le principe sur lequel se fonde la vertu du Salut.(9 août 1888)
Je vous remercie de votre aimable attention.