Tenrikyo Europe Centre
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Yoshino KADOMOTO (Chef de Maison Shikito de la Mission Tenrikyo)
Je suppose que la plupart d'entre vous a déjà entendu le mot « o tebiki » qui désigne les « signes conducteurs émis par Dieu », Oyagami notre créateur.
Ce terme est notamment présent dans le serment du Besseki qui est une étape à la préparation de notre esprit avant de se présenter au « Hasseki » (le premier Besseki) effectué au Jiba.
J'ai reçu le don du Sazuke à 18 ans pendant mon séjour de quatre ans et demi au Japon.
Dans le contenu du serment, vous avez une partie où vous expliquez par quel signe conducteur vous avez été appelé à connaître Oyagami et entendre sa volonté, c'est-à-dire l'Enseignement de Tenrikyo. Au moment d'effectuer mon serment, j'avais tout naturellement dit qu'il m'avait été fait par mes parents qui m'ont fait connaître l'Enseignement d'Oyasama.
Je suis née de parents missionnaires de Tenrikyo et j'ai grandit dans un milieu où effectuer le Service du matin et du soir était le quotidien, je savais depuis ma plus tendre enfance que le Service était quelque chose de sacré même si je ne comprenais pas tout le sens des danses sacrées ainsi que de la lecture de l'Ofudesaki matin et soir. Mais j'étais admirative de voir mes parents administrer le Sazuke aux personnes souffrantes dans notre entourage ou bien à moi-même car je sentais que quand ils m'administraient le Sazuke, je me sentais mieux après. Et je crois aussi que j'étais admirative devant ce geste de prière, une personne qui prie avec tout son sérieux le rétablissement d'une tierce personne, qu'importe le lieu et le moment.
En fait c'est le fondement même de cet Enseignement: « sauvez les autres pour se sauver soi-même ».
Une Vie de Joie ne signifie donc pas une vie centrée sur une joie égocentrique. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de nous plaindre continuellement à Dieu parce que notre prière ne s'est pas exaucée. Ce serait comme si nous reprochions à nos parents bienveillants de pas nous accorder encore assez de leur bienveillance. Ne faudrait-il donc pas d'abord se remettre en question soi-même et se dire : « Ai-je vraiment fait de mon mieux ? » avant de diriger la faute envers son entourage.
A cette époque, je pense que je ne comprenais pas autant l'importance d'assister au Besseki que maintenant. Et comme je venais de l'étranger, j'avais le droit de pouvoir écouter les neuf fois en seulement deux semaines après lesquelles j'ai eu l'honneur de recevoir le don du Sazuke. Tout s'est déroulé sans incident. Puis juste après que j'ai reçu le don du Sazuke, l'épouse de l'ex révérend de la Grande Eglise de Shikito m'a dit : « maintenant que tu es devenue Yoboku, pense bien à l'administrer pour le Salut des autres ».
Comme je vous avais expliqués, j'étais certes admirative de voir ce que faisait mes parents, mais une fois que je l'avais reçu à l'âge de 18 ans, je me sentais encore immature et très réservée pour pouvoir l'administrer.
Quelques temps après avoir reçu le don du Sazuke, je restais plutôt passive et attendais qu'une occasion se présente pour pouvoir l'administrer. Et même parfois, il m'arrivait de laisser passer une à plusieurs occasions pour me rendre compte que la personne nécessitait le Sazuke, ou bien que moi-même aie assez de courage pour la lui proposer. De nature timide et réservée, je marchais à petit pas dans cette voie. Puis petit à petit, je me rendais compte que je devenais plus actrice de mon Salut et que j'étais même à la recherche d'une personne à qui le transmettre.
D'après l'Ofudesaki, Oyasama nous enseigne :
Si le Salut vous tient vraiment à cœur,
je vous reconnaîtrai même en votre silence(III, 38, p48)Paroles creuses, flatteuse, ne servent à rien.
L'important est la sincérité au fond des cœurs.(III, 39, p48
Oyasama nous explique ainsi que « si nous avons vraiment le cœur au Salut des autres, Dieu saura le reconnaître même en notre silence. Et si seulement nous avons la sincérité en nos cœurs, les paroles creuses, flatteuses ne sont pas nécessaires » (« Traduction de l'Ofudesaki » de Mr Serizawa Shigeru, p 73)
J'ai fréquenté l'école spécialisée de Tenrikyo qui se nomme « Senshyuka » pendant deux ans. Notre journée commençait par la pratique du Service du matin à l'Eglise mère puis nous suivions les cours le matin et pratiquions le Hinokishin l'après-midi. Nous avions un peu de temps libre le matin avant la salutation collective. C'est à ce moment-là qu'entres étudiants, nous nous transmettions le Sazuke à ceux qui en étaient dans le besoin. Et c'est comme cela que j'ai sympathisé avec une camarade de ma classe qui souffrait des douleurs au niveau de sa jambe droite. Elle en souffrait tellement qu'elle devait venir à l'école en fauteuil roulant. Je me rappelle l'avoir accompagnée plusieurs fois en me relayant avec d'autres camarades. Puis en sympathisant, nous avions pris pour habitude d'aller régulièrement faire la prière ensemble à l'Eglise mère après nos activités de l'école, puis je lui transmettais le Sazuke. Elle souffrait beaucoup surtout en hiver car le froid majorait sa douleur. Puis un jour d'hiver, alors que comme presque tous les jours je lui administrai le Sazuke à sa jambe droite, une fois la prière terminée, elle me dît avec un grand sourire: « j'ai senti une grande source de chaleur! Ca m'a fait vraiment du bien !! ». Et je me rappelle à quel point ces paroles m'avaient profondément émue. J'étais vraiment heureuse, une joie indescriptible. Et je remerciais du fond du cœur Oyasama pour nous avoir donné cet occasion de ressentir ensemble sa grande protection si distinctement, et je me suis rendu compte à quel point le Sazuke était quelque chose de fort.
Oyasama nous enseigne dans l'Ofudesaki :
Je parle bien du Salut mais cela ne passera
ni par des rites de prières ou d'exorcisme ni par la divination.(III, 45, p50)En ce lieu, je vous enseigne toutes choses
Qu'il y ait Dévotion totale à Dieu, et de l'intérieur du cœur.(III, 46, p50)Du plus profond du cœur, réfléchissez pour comprendre :
celui qui sauve autrui est sauvé lui-même.(III, 47, p50)
Une personne qui prie avec sincérité pour que soit apaisée la souffrance d'une autre, n'est-ce pas là, un pas vers la direction pour la paix dans le monde ?
Dans notre société actuel, les avancées scientifiques nous demandent de nous baser sur des faits concrets et sur des théories scientifiques. Mais nos sentiments peuvent-ils être basés sur des théories ou bien des calculs scientifiques ?
Voici un extrait de l'Ofudesaki (récit divin) écrit par Oyasama :
Ceci, cela, tout, le monde entier est le corps de Dieu.
Réfléchissez-y donc !(III, 40, p48)Tout corps humain est un prêt de Dieu.
Mais à quoi pensent les hommes quand ils s'en servent ?(III, 41, p49)
Oyasama nous enseigne que le monde est le corps de Dieu et que notre corps est un prêt fait à Dieu.
Puis voici des extrait de l'Osashizu :
Le corps de l'homme est un prêt de Dieu ou un emprunt à Dieu. Mais son cœur lui appartient en propre.Osashizu, le 1er juin 1889
Le corps de l'homme est un emprunt à Dieu mais son cœur est à lui seul.Osashizu, le 14 février 1889
Comme cela est expliqué ici, nous empruntons notre corps à Dieu mais le cœur nous appartient en propre. C'est pourquoi nous avons en nous plusieurs sentiments et notre cœur/esprit changent tout au long de la journée. Vous pouvez être en colère le matin car votre enfant a fait une bêtise, puis l'heure qui suit, sourire car votre conjoint/conjointe vous a servi un bon chocolat chaud. Des automatismes, des habitudes construisent notre quotidien et nous ne rendons pas forcément compte des sentiments que nous utilisons. Mais chacun possède ses habitudes - bonnes ou mauvaises - et Oyasama nous les a clairement indiquées et désignées comme « poussières mentales » les sentiments qui ont un impact négatif sur soi et son entourage, et les voici-ci :
l'avarice, la convoitise, la haine, l'égoïsme, la rancune, la colère, l'avidité et l'orgueil. Vous remarquerez que ce sont principalement des sentiments qui peuvent être assez facilement utilisés dans la vie courante, cependant, elles peuvent aussi engendrer des conséquences sur la relation avec votre entourage et à vous- même, surtout lorsqu'elles sont utilisés à plusieurs reprises.
C'est pourquoi, Oyasama nous a enseigné le Otsutome pour balayer quotidiennement nos poussières mentales.
Peut-être, vous aussi, êtes passé par l'étape du questionnement: « mais pourquoi le fait de balayer nos poussières mentales seraient bon pour la santé? Ne vaudrait-il pas plutôt manger sain et équilibré ? ». Une des difficultés de l'Enseignement est qu'on ne voit pas concrètement les choses. Lorsqu'on vous parle de poussière, quelles images en avez-vous? Peut-être que si en utilisant une loupe nous pouvions voir concrètement ces sentiments sous formes de poussières entassées dans votre cœur, ainsi que la disparition de ces dernières au moment du Otsutome, cela semblerait peut-être plus claire pour certaines personnes.
Mais voici un extrait du livre intitulé « le manuel de récits pour administrer le Sazuke » écrit par l'ex-révérend de la Grande Eglise de Shikito, qui avait éclaircit ces questionnements :
« Tout d'abord, dans notre vie quotidienne, nous savons que même une petite allumette a son créateur et que c'est pour cela qu'elle existe. Et si quelqu'un n'était pas d'accord, il deviendrait sujet de moqueries par son entourage. Cependant, nous-mêmes qui rions, sommes-nous pas en train de penser que notre corps n'a aucun créateur et a été créé par le fil du hasard-même? Ou bien, croyons-nous pas que nous l'avons nous-même créé et vivons selon notre propre volonté? Ou bien encore, supposons-nous pas que ce sont nos parents qui ont eu la grâce de nous donner naissance ?
Tout d'abord, prenons la première option. Si vous réfléchissez en pensant que vous vous êtes créés vous-mêmes en restant bien sûre 10 mois dans le ventre de votre mère et avez grandit dans le flou jusqu'à l'âge de 3 à 4 ans. Vous vous rendrez bien compte qu'avant l'âge où vous prenez conscience de vous-même et de votre entourage, vous n'êtes nullement dans la capacité de vous créer vous même, pire vous ne comprenez rien à ce qui se passe. Vous ne vous rappelez même-pas comment vous avez été élevé avant vos trois ans.
Puis prenons la deuxième option: si vous pensez avoir été créé par votre maman, sachez que ce n'est pas le cas non plus. Même s'il s'agit bien de votre mère qui vous a mis au monde lors de l'accouchement, ce n'est pas elle qui vous a créé. Si une jeune maman pouvait créer son propre bébé, elle prendrait certainement plaisir à créer son enfant idéal à commencer par la forme de son visage qu'elle améliorerait peut-être, par amour maternel. Mais cela n'est pas le cas.
De plus, la maman elle-même n'est capable de percevoir qu'elle est enceinte qu'après plusieurs jours de grossesse. Ainsi, vous vous rendrez compte que ce n'est pas votre maman qui vous a créé.
Eh bien, qu'a fait notre mère lorsqu'elle est tombée enceinte de nous? Hormis de porter attention à sa santé ainsi que de pratiquer l'état d'esprit de tannô, elle a agit directement pour nous en prenant son repas trois fois par jour pour que nous puissions avoir assez de nutriment pour grandir. Et c'est cela qui, devenant la matière première de notre corps a permis de créer un humain avec des yeux et des oreilles. Chaque aliment nourrit notre corps et se transforme en sang, allant jusqu‘aux fins vaisseaux sanguins et nerfs. Et cette miraculeuse protection, nous le devons à Dieu, Parent de l'humanité, que nous appelons Oyagami-sama.
Même la délicieuse viande de bœuf a pour matières premières principales de l'herbe et de l'eau. Et la loi qui régit cette miraculeuse et merveilleuse protection, nous le devons à Oyagami-sama, créateur des Hommes. C'est pourquoi, si seulement notre cœur est conforme à la volonté d'Oyagami-sama, nous recevrons pleinement sa protection dans notre corps. »
Voilà les explications qui m'ont permis d'éclaircir mes esprits. Ces explications m'ont parues très claires quant au fait que nous recevions chaque moment toutes les protections d'Oyagami qui sont présentes pour que nous puissions nous-même vivre une Vie de Joie.
Et je souhaiterais que chaque moment précieux passé au TEC puisse nous mener davantage vers notre maturité d'esprit menant au Salut des autres.
Je vous remercie de votre attention.